pour Quatuor
enregistré le 11 Mai 2019
À la Elbphilharmonie (kleiner Saal) Hambourg (ALL)
NDR das neue werk Asya Fateyeva & Friends
Asya Fateyeva : saxophone alto
Valentin Radutiu : violoncelle
Valeriya Myrosh : piano
Lin Chen : percussions
AVANT-PROPOS
Aldebaran, après Quasar et Blazar, constitue le troisième volet d’un cycle consacré à l’espace. La particularité unifiante de ces trois pièces est l’ambiance acoustique singulière dans laquelle elles sont toutes plongées, constituée de deux sons tenus, irréguliers, sourds et lointains, l’un dans suraigu (plus éphémère dans Aldebaran) et l’autre dans l’extrême grave du spectre fréquentiel ; ces deux sons traversent toute la durée des pièces comme pour évoquer le silence assourdissant du vide.
Aldebaran se distingue cependant des deux autres en tant qu’elle désigne nommément une étoile spécifique, et non des phénomènes astrophysiques génériques. Appartenant à la constellation du Taureau, cette géante orangée est une des étoiles les plus brillantes observées depuis la Terre. Pour Gérard de Nerval, Aldébaran est « un astre trompeur » et duplice : « l’idéal sublime » et la « douce réalité ». John Keats, écrit quant à lui : « Étincelante étoile, constant puissè-je à ton instar ».
Ma partition est largement traversée par ces deux propositions poétiques. Contrairement à mes productions habituelles, structurées et organiques, celle-ci est plutôt d’un caractère rhapsodique et s’accommode plus facilement de digressions poétiques. Les jeux d’espaces acoustiques, les matériaux sonores tantôt secs et granuleux, tantôt vibrants et les saillies tranchantes et lyriques au saxophone, viennent déroger à cette ambiance paisible, suspendue et infinie.
***
Je dédie cette pièce à Asya Fateyeva, dont la première rencontre, humaine comme musicale, a été enthousiasmante, riche et intense, et a naturellement déclenché le processus de création. Asya et ses amis ont toutes les qualités, j’en suis sûr, pour faire sonner cette rhapsodie cosmique !
FOREWORD
Following Quasar and Blazar, Aldebaran constitutes the third piece of a cycle dedicacted to space. The unifying characteristic of these three pieces is the unique acoustic ambiance with which they are all infused, consisting in two irregular, faraway tenuto sounds, one very high-pitched (more ephemeral in Aldebaran), the other at the lower extreme of the frequency spectre. These two sounds are present throughout all three pieces, as if to express the deafening silence of the void.
Aldebaran however sets itself apart from the other two pieces in that it refers to the name of a specific star, as opposed to generic astrophysical phenomena. A star in the Taurus constellation, this orange giant is one of the brightest to be observed from Earth. To Gérard De Nerval, Aldebaran is a « fickle star », a dual star, representing simultaneously « a sublime ideal » and « sweet reality ». As for John Keats, he writes « Bright star, would I were stedfast as thou art ».
My score is widely infused with these two poetic ideas. Contrarily to my usual works which are more structured and organic, this one take on a more rhapsody-like character and is therefore more accommodating to poetic digressions. The play on acoustic spacialisation, the sonic materials I used, dry and granular at times, at times vibrant, along with the cutting lyrical projections from the saxophone, go against this peaceable, suspended, seemingly infinite soundscape.
***
This piece is dedicated to Asya Fateyeva, with whom my first encounter was exciting, enriching and intense on a human as well as a musical level, and which naturally triggered the creative process. I'm certain Asya and her friends have all the qualities required to fully incarnate this cosmic rhapsody !