Métal Hurlant (2015)

pour 6 percussions

enregistré le 13 Février 2015 aux Subsistances (Lyon)

Laboratoire Scène/recherchE

direction : Jean Geoffroy

AVANT-PROPOS

 

En janvier 1975, sous l’impulsion de son rédacteur en chef Jean-Pierre Dionnet, naquit Metal Hurlant. Pendant 10 ans, cette revue trimestrielle profondément libertaire et consacrée à la bande-dessinée a rassemblé les dessinateurs les plus innovants en matière de science-fiction.

 

Si cette pièce rend évidemment hommage au neuvième art, il faut aussi entendre ce titre au sens littéral : toutes les percussions sont en métal et le hurlement est une thématique déclinée tout au long de l’ouvrage. L’utilisation de modes de jeux spécifiques et les combinaisons homorythmiques ou hétérophoniques des métaux dévoilent des sonorités étranges : grondements, grognements, cris fantomatiques ou colériques, etc. D’une certaine manière, les monstres et les personnages surhumains créés par ces auteurs de science-fiction sont des modèles privilégiés pour ces objets musicaux.

 

De plus, les traits physiques ou mentaux de personnes réelles inspirent souvent les auteurs au moment de créer leur propre personnage. De la même manière, la mise en vibration d’un instrument avec des baguettes conçues pour un autre instrument déforme sa sonorité habituelle. Par moment dans la pièce, baguettes et instruments sont inversés et donnent l’impression que la sonorité originale de l’instrument est déguisée, à l’instar du super-héros masquant son identité. Tous les instruments en métal utilisés dans la pièce sont volontairement courants pour rendre ce détournement sémantique encore plus significatif.

 

Tous les matériaux musicaux sont codés en langage morse. Cela participe à la volonté de garder une certaine imprévisibilité dans la partition. C’est aussi, en complément de l’évolution contrôlée de certains paramètres sonores (richesse du timbre, dureté de l’attaque, longueur des résonances), un moyen d’homogénéiser les matériaux musicaux. En revanche, le codage en morse de la structure induit une fragmentation de la pièce en douze séquences aux caractères variés. La musique peut ainsi basculer d’un paysage sonore à un autre et revenir au premier à tout moment. Cette idée est directement inspirée par le contenu de la revue des Humanoïdes associés : plusieurs histoires narrées dans des séries de planches créées par différents dessinateurs qui se déroulent, pour certaines, sur plusieurs numéros.

 

Ce sextuor de percussions est en réalité constitué de deux trios disposés scéniquement en miroir. En plus de l’écriture musicale, l’aspect visuel est très important dans cette pièce où les déplacements et les jeux à plusieurs musiciens sur un même instrument participent grandement à la dramaturgie.